La hausse des incertitudes sur les marchés financiers

Asset Management – Dans un contexte de crise sanitaire persistante, l’inquiétude rattrape les marchés financiers. Y a-t-il des raisons de se montrer pessimiste sur l’amélioration de la situation économique en 2021 ?

Malgré l’annonce d’un plan de relance américain de 1 900 milliards de dollars, en plus de celui de 900 milliards de dollars voté le 24 décembre, les places boursières ont connu une semaine très compliquée, qui s’est soldée par des reculs importants (S&P 500 : – 1,85 %, à 3 753,74 points ; CAC 40 : -1,9 % à 5 600 points). Certains verront dans cette correction les anticipations d’une hausse de la fiscalité sur les plus-values mobilières et les dividendes pour tous ceux dont le revenu annuel dépasse le million de dollar. 

Etats-Unis, plan de relance…

D’autres pourraient pointer du doigt la volonté de l’Administration Biden de détricoter les « cadeaux fiscaux » accordés en 2017 aux entreprises — baisse de l’imposition sur les sociétés de 35 % à 21 % — et aux particuliers les plus aisés. Mais tout le monde s’accordera sur la recrudescence de l’épidémie de Covid-19 qui a conduit à réimposer des mesures plus strictes. Avec l’accélération des nouvelles contaminations dues à des variantes du virus plus contagieuses, il est à craindre une fermeture des économies. 

Dans ces conditions, la publication des comptes nationaux du premier trimestre pourrait acter un retour de la récession dans de nombreux pays. Les ventes au détail ont ainsi baissé aux Etats-Unis pour le troisième mois consécutif. Cette tendance a été amplifiée en zone euro où celles-ci ont plongé. Ainsi, en dépit d’un taux d’épargne important (à 17,3 % au 3e trimestre en zone euro et à 12,9 % en novembre aux Etats-Unis), les ménages semblent-ils de plus en plus pessimistes, notamment concernant l’emploi.

Les nouvelles demandes d’allocation-chômage ont fortement progressé, passant de 784 000 à 965 000 en une semaine. Le moral des patrons de PME a également plongé, passant de 101,4 points en novembre à un plus bas de 7 mois de 95,9 points en décembre. Ces derniers se montrent particulièrement pessimistes sur l’amélioration de la situation économique (de 8 % à -16 %, à un plus bas de 5 ans), les intentions d’embauche (de 21 % à 17 %) et d’investissements (de 26 % à 22 %).

…quel impact sur les taux ?

Cette situation va nécessiter que les Etats ressortent à nouveau le chéquier afin de tenter de circonscrire une situation épidémiologique de plus en plus difficile à maîtriser. Cela risque d’être plus compliqué en Europe où on a observé un regain du risque politique. Le spectre d’une élection anticipée est apparu en Italie où la coalition au pouvoir ne repose plus que sur une courte majorité au Sénat après le retrait du parti Italia Viva de Matteo Renzi. 

D’où une forte remontée des rendements obligataires italiens (+ 8 points de base — pbs — à 0,58 % pour le taux à 10 ans, qui ont entraîné dans leur sillage les rendements grecs (+ 7 pbs, à 0,67%), espagnols (+ 2 pbs, à 0,06 %) et portugais (+3 pbs, à 0,01%). Cette évolution des taux des pays « périphériques » diverge de celle de l’Allemagne (- 2 pbs à – 0,57 %) où le choix d’Armin Laschet comme président de la CDU est perçu comme une continuité de l’ère Merkel. Cela ne signifie pas pour autant que c’est lui qui va mener la bataille des élections en septembre puisqu’il devra encore défier celui qui apparaît comme le favori, Markus Söder, patron de la CSU. 

Les sondages anticipent une victoire du camp conservateur mais la situation économique et épidémiologique pourrait changer la donne, à l’image de ce qui s’est produit aux Etats-Unis. La semaine a été favorable au dollar qui a poursuivi son appréciation contre toutes les devises (+ 0,6 %, à 90,747 points pour le taux de change effectif). Pourtant, les annonces de Joe Biden vont dégrader davantage le déficit public américain, surtout après la victoire de deux sièges de sénateurs en Géorgie et l’annonce que Bernie Sanders présidera la Commission du Budget au Sénat.

Sérénité des investisseurs

Pour le moment, les investisseurs ne s’inquiètent pas trop des conséquences de ce bond de la dette américaine, surtout que la situation sanitaire semble plus durement frapper l’Europe. L’euro (- 1,17 %, à 1,20837 dollar) a aussi été pénalisé par le nouvel imbroglio italien. La Banque centrale européenne (BCE) pourrait également en profiter pour surenchérir sur les actions de la Fed afin de faire encore baisser la monnaie commune. Nous en savoir plus cette semaine avec la réunion de politique monétaire de la BCE.